Sunday, May 2, 2010

Extrait no 14 - Chapitre 4


Chapitre 4

Depuis le commencement de mes recherches, j’avais obtenu beaucoup d’informations que j’ignorais, et qu’on ne trouvait pas dans les livres d’histoire. J’ai rencontré différents types de personnes : des militaires à la retraite, des militaires actifs, ainsi que des psychologues et psychiatres.

Quand je commençais à parler de certains points cités dans le cahier et dans les manuscrits de mon Oncle, mes interlocuteurs avaient une réaction assez prévisible : me regarder d’un air inquiet qui en disait beaucoup sur ma crédibilité et leur sympathie pour l’état mental altéré de mon défunt Oncle.

J’avais décidé de diriger mes recherches sur une autre voie : prendre l’information aux sources. D’après ce que j’avais compris, mon Oncle aurait changé de comportement après son retour de la Première Guerre. Son isolement volontaire, son silence, sa tristesse… Cela s’était confirmé après avoir voulu s’enrôler pour la deuxième guerre. Or, tout s’était passé quelque part en Europe, plus spécifiquement en France ou en Belgique ou dans les deux pays. Si j’allais directement sur la scène de l’action ?

Un nom était mentionné sur le coin gauche de la page 48 : Docteur Régis de Mont Chevrier, sans précision supplémentaire. Pas de date, pas d’endroit non plus. Au vu du nom et de son emplacement chronologique, j’avais deviné que cette personne vivait quelque part en Europe. La France ou la Belgique ? Mes recherches sur Internet révélaient qu’il s’agissait d’un spécialiste en psychiatrie, qui pratiquait en France dans la région de l’Argonne. J’avais noté ses coordonnées et composé le numéro de téléphone inscrit sur la fiche personnelle du docteur. Une voix féminine chaleureuse répondait :

— Cabinet du Docteur de Mont Chevrier, comment puis-je vous aider ?

— J’aimerais rencontrer le Docteur s'il vous plaît.

— Je n’ai pas de disponibilité avant un mois. Êtes-vous référé par un confrère ?

— En fait, je voulais voir le docteur Régis de Mont Chevrier. Est-ce bien son cabinet?

— Vous êtes bien à son cabinet, mais son prénom est Nicolas, pas Régis. C’est son fils, il pratique la même spécialité.

Elle me précisa que Docteur Régis était décédé depuis des années. Je fus déçu, mais non surpris. Le scénario était prévisible. La dame me suggéra de tenter ma chance avec le Docteur Nicolas.

— C’est que je voulais le voir pour une affaire personnelle, dis-je candidement.

— Tout le monde vient consulter pour des affaires personnelles, dit-elle avec une pointe d’humour sans sarcasme.

— Ce que je voulais dire, c’est que ce n’était pas pour une consultation pour moi-même, mais pour avoir des explications sur la dégénération que mon oncle a vécue. Mon oncle était peut-être un client de son père.

— Vous savez monsieur, que même si le docteur Régis était de ce monde, il n’aurait pas pu vous répondre à cause du secret professionnel…

No comments: