Thursday, April 29, 2010

Extrait no 10 - Chapitre 2, Suite...


A cet instant précis, Oncle Henri commença à changer de comportement : Il écarquilla des yeux terrifiés et se mit à trembler, puis, il se balança d’avant en arrière. Ses mains crispées si fortement à son cahier qu’il a dû se faire mal aux articulations. Des gémissements s’échappèrent de sa bouche.

Je me sentis mal à l’aise d’avoir provoquer une telle réaction. Je ne savais plus où me mettre.

— N’ais pas peur, Oncle Henri. Il n’y a pas de danger. Personne ne te veut du mal! On ne te fera pas de mal! dit ma mère en utilisant un ton de voix calme et rassurant, sans succès. Oncle Henri lâcha le cahier de ses genoux, ferma les poings et les portant d’une façon mécanique de chaque sur les oreilles, avec ses cris aigus qui remplissaient la pièce.

Ma mère s’agenouilla près du fauteuil.

— Ne t’inquiète pas Oncle Henri, intervint-elle en lui caressant le dos de sa main. Tout va bien! Il n’y a plus de danger. Il n’y a que moi et mon fils, Alain. Nous sommes ta famille. Tu t’en souviens, n’est ce pas?

La voix familière de sa nièce commença à faire son effet. Ses poings s’abaissèrent, le balancement ralentit et la plainte se réduisit à une sorte de ronronnement grave.

Une fois calmé, ses yeux gris opaques se posèrent sur ses cuisses, fixant son cahier. Un bourdonnement presque imperceptible sortait de la bouche.

Ce n’était qu’un murmure, une faible turbulence, qu’on pouvait prendre pour des psalmodies. Cependant on en détectait quelques mots : danger … mourir …loin…

Lentement, Oncle Henri releva la tête, et regarda ma mère de ses yeux vides qui semblaient s’illuminer faiblement, à présent. Il pointa d’un doigt tremblant le ciel, puis la terre, et se mit à tordre son cahier dans tous les sens.

Il s’éloignait à nouveau, on le sentait. Il replongeait en lui même. Ma mère continua de lui parler à voix basse. Elle lui chanta même des berceuses, comme on le fait aux enfants, tout en lui caressant doucement ses mains osseuses, pour l’aider à se détendre. Mais son moment de lucidité avait disparu, si on pouvait considérer ses psalmodies comme de la vivacité, n’était qu’éphémère… Il était trop loin.


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